Petit carnet de voyage : Florence et Rome 1

Yann nous propose une petite visite historique et artistique à Florence et à Rome en images commentées. Et même en vacances, il ne peut pas s'empêcher de râler contre la post post-modernité (?). On ne sait pas comment cataloguer les œuvres de ces goliaths contemporains ( et bien nains) qui se permettent de défier David. Mais, je vous rassure, c'est avant tout la beauté qu'il loue !

Le pouvoir à Florence

Ce qui frappe en premier à Florence, c’est le lieu de pouvoir concentré sur un petit périmètre. A mon avis, rien ne le symbolise mieux que les murs de ses palais. Des pierres de pietra forte, un grès à ciment calcaire très résistant. Inégales, aux arêtes bosselées, protubérantes, elles ressortent des façade comme des muscles de force brute au service du maître.


Et le maître fait la guerre, mais avec raffinement.


Le pouvoir spirituel, le sous-traitant du maître, qui de son bourdon lourd et velouté enrobe les âmes et les allaite de son sein tiède.



Le maître, les Médicis pendant trois siècles. Ici, Cosme 1er, Grand-Duc de Toscane, (1519-1574).

David & Co

Le peuple d’Israël sera-t-il vaincu, emmené en captivité, voire détruit par les Philistins ? Son destin repose sur les épaules de David, jeune berger, armé de sa simple fronde face au géant Goliath en combat singulier. Le David de Michel-Ange est grave, concentré, il évalue l’ennemi. Et le poids écrasant de sa responsabilité. Épaisseur d’âme, fondation civilisationnelle.

À Florence même, des «suiveurs» (?) se sont risqués à la comparaison qui se révèle cruelle. L’effet boomerang de vouloir recueillir à peu de frais l’ombre des lauriers d’un autre.
Avec ses Watchers, Emanuele Giannelli nous refait le coup du choix difficile entre tradition et modernité et de l’art conceptuel : c’est au spectateur de se démerder pour trouver un sens, son sens, à l’œuvre en résine. Ses personnages contemplent-ils leur propre vide ou quelque chose de plus consistant ? Tout ça pour ça.

Avec le David en arrière-plan, Time Unfolding de Thomas J Price. Soit Le déroulement du temps.

Ingénierie sociale 1
Justement non, il ne se déroule plus, il est suspendu, c’est une parenthèse électronique pour zombies décérébrés, conditionnés à une existence bovine (mais c’est peut-être ce que veut signifier l’artiste ?)

Ingénierie sociale 2
Le personnage hyperréaliste a des traits africains, rejoignant en cela les directives de la surreprésentation ethnique inclusive de la publicité du monde occidental. Notre oligarchie divise ainsi pour régner, en générant un conflit interethnique de basse intensité, en privilégiant une minorité contre la majorité. Le but est aussi la destruction des identités qui offrent un substrat ontologique à défendre, des peuples qui pourraient dire non à leur servitude promise.
Les touristes apprécient beaucoup cette statue. C’est ludique.

Et si je m’essaie à l’art fun, qu’est-ce-que ça donne ? Je vais l’appeler Son poing dans sa gueule. So what ?

L’Enlèvement des Sabines

Giambologna – Jean de Bologne des Flandres, L’Enlèvement des Sabines (1582), depuis toujours dans la Loggia des Lanzi de la Piazza della Signoria.
Une Sabine est enlevée par son Romain, aux pieds de l’impérialiste un Sabin s’arrache les cheveux !
Les trois personnages tiennent dans le volume restreint du bloc de marbre unique dont ils ont été extraits.
Leurs corps s’enroulent le long d’une ligne serpentine orchestrée en une série de spirales, une giration. Saisissant mélange de violence et d’érotisme. Au milieu du tourbillon de prédation et de désespoir, ce cul, cette cambrure, ce sein !
Version préparatoire de la Galerie de l’Académie : terre crue, paille et farine cuite.

Persée, le sang de bronze.

Notre sens de l’instantanéité peut nous apparaître techniquement conditionné par notre fréquentation des photographies depuis l’enfance. Mais ici, on se rend compte que nos ancêtres pouvaient avoir une perception tout aussi développée. Prenez le Persée tenant la tête de Méduse (1554), bronze de Benvenuto Cellini. Le héros décapite le monstre. Remarquez les flots de sang statufiés au sens littéral, ils n’en finissent pas de jaillir, immobiles à jamais, dans le vide.
Enfin, la fabrication de cette statue se lit comme un roman !

À suivre…

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