Le début de la fin et le début du commencement

Nous sommes face à un défi immense, et il est normal que nous soyons perdus car nous sommes aussi infectés, malgré nous, par le vice et la corruption qui dominent nos sociétés. Il est primordial d'extraire de nous-même ce monde qui nous rejette.

Le monde ne sera plus qu’une immense polis, une société d’où il sera interdit de s’extraire sous peine de poursuites pénales

La première tâche à laquelle il faut s’atteler quand on résiste et que l’on veut résister avec efficience est de comprendre dans quel monde on vit pour savoir de quoi on doit s’extraire. Pour le pouvoir, une seule chose importe : se perpétuer et se renforcer, l’un n’allant pas sans l’autre. La classe qui a pris le pouvoir depuis deux siècles l’a fait en s’opposant au grand récit chrétien qui a uni notre société pendant de nombreux siècles. La classe issue de la bourgeoisie a aujourd’hui TOUS les pouvoirs en Occident. Elle a basé son nouveau récit sur l’actualité, la médiatisation de la vie. C’est même son grand récit : l’aujourd’hui qui chasse l’hier avant d’être chassé par le lendemain. Il s’agit de faire en sorte que l’homme ne trouve aucune stabilité, qu’il soit la proie de sa précarité (biologique) avec comme seul salut la technologie. On peut croire que les détenteurs du pouvoir n’ont pas vraiment d’idéologie. Mais, cependant, l’algorithme sur lequel ils font reposer toute leur vision du monde est la pire de toutes les idéologies ; une idéologie leur laissant croire qu’ils peuvent dominer vraiment le monde grâce à la technique et si le réel ne confirme pas leurs calculs c’est parce que l’homme est un animal peu rationnel. Alors comme il est incorrigible, il est nécessaire d’éliminer chez lui toute singularité, toute son humanité. C’est la tâche funeste pour laquelle se démènent les maîtres de Davos, leurs valets, les covidistes, les covidiens. Bref : tous ceux qui veulent transformer ce monde en une immense salle d’attente où l’on prend son ticket avant de passer à la salle d’interrogatoire pour finir en cellule d’isolement (avec petite piqure prophylactique en option obligatoire).

Nous nous apprêtons à vivre dans un grand centre d’internement où il nous faudra chaque matin crier notre identité à l’appel d’un sous-officier abruti. Le monde ne sera plus qu’une immense polis, une société d’où il sera interdit de s’extraire sous peine de poursuites pénales. « L’idée qu’un citoyen, qui n’a jamais eu affaire à la Justice de son pays, devrait rester parfaitement libre de dissimuler son identité à qui lui plaît, pour des motifs dont il est seul juge, ou simplement pour son plaisir, que toute indiscrétion d’un policier sur ce chapitre ne saurait être tolérée sans les raisons les plus graves, cette idée ne vient plus à l’esprit de personne. Le jour n’est pas loin peut-être où il nous semblera aussi naturel de laisser notre clef dans la serrure, afin que la police puisse entrer chez nous nuit et jour, que d’ouvrir notre portefeuille à toute réquisition. Et lorsque l’Etat jugera plus pratique, afin d’épargner le temps de ses innombrables contrôleurs, de nous imposer une marque extérieure, pourquoi hésiterions-nous à nous laisser marquer au fer, à la joue ou à la fesse, comme le bétail ? L’épuration des Mal-Pensants, si chère aux régimes totalitaires, en serait grandement facilitée. » Georges Bernanos, La France contre les robots, 1948. Inutile de commenter cette prophétie…

Nous vivons des temps barbares

On vit l’effondrement d’une civilisation, ce n’est pas rien. Du moins, c’est ce que je crois. On peut en sortir par la bas ou par le haut. Mais, à chaque effondrement de civilisation, c’est la barbarie qui s’impose dans les premiers temps car les portes de la Cité sont grandes ouvertes et c’est la force pure qui prend le dessus puisque la Loi n’existe plus. Nous allons vivre des temps barbares. Je fais ma Cassandre, pardonnez-moi ! Nous sommes face à un défi immense, et il est normal que nous soyons perdus car nous sommes aussi infectés, malgré nous, par le vice et la corruption qui dominent nos sociétés. Une seule chose est sûre : nous ne devons pas essayer de construire par la politique de la tabula rasa, cela nous mettrait au même niveau que les grands destructeurs nihilistes qui ont le pouvoir. Ce serait précipiter la fin de l’être humain comme eux le désirent.
Pour s’extraire de ce monde qui de toute manière ne veut pas de nous, qui nous considère comme des déchets, et notre traitement comme rebut va aller en s’amplifiant, il est primordial d’extraire de nous-même ce monde qui nous rejette. Certains y sont parvenus à force de réflexion, de courage et de ténacité, d’autres ont toujours été plus ou moins imperméables à la folie de ce monde et ont toujours refusé en conscience ou en acte d’y collaborer, d’autres encore croient qu’ils ont une âme et que cette âme n’est pas à vendre même au plus offrant, d’autres enfin pensent qu’il faut s’échapper physiquement de ce monde pour s’en extraire vraiment. A chacun de trouver sa voie, sa manière de se confronter et d’échapper en même temps à l’abîme qui cherche à nous engloutir corps et biens. L’important est que, où que l’on reste, où que l’on aille, on préserve ce lien créé dans l’adversité, et ce, que nous croyons ou non possible un autre monde, que nous le désirions ou non, que nous nous sentions capable d’en poser des fondations ou non. On n’est qu’au début de la fin alors difficile de voir le début du commencement…

Philippe Menestret

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