Reviendrez-vous dans les bois ?

À partir d'août 2021, les bois de Saint-Germain-en-Laye furent un lieu de rassemblement dans l’adversité face à une gestion politique de la pseudo urgence sanitaire jugée injuste et liberticide. Cette résistance, née d’une fraternité spontanée, a créé une micro-société égalitaire, sans hiérarchie, mais éphémère. Si l’élan de « positivité » est resté vague, l’Écho des Boucles cherche à pérenniser cette fraternité par des actes et des témoignages, refusant dogmes et soumission, avec l’égalité comme socle.

Avons-nous vraiment rêvé d’un autre monde ?

Comment arrive-t-on dans les bois de Saint-Germain-en-Laye en août 2021 ou plus tard ? Ce n’est plus la question qu’il faut se poser aujourd’hui, ai-je envie de dire, mais plutôt celle-ci : pourquoi n’y vient-on plus ? Je proposerai ceci : nous nous sommes rencontrés et réunis dans l’adversité et celle-ci ayant dépassée sa phase la plus aiguë pour la plupart d’entre nous, nous sommes retournés vaquer à nos occupations d’avant. Rien n’a vraiment changé pour ceux d’entre nous, et c’était la majorité, qui n’étaient pas soumis professionnellement à l’obligation vaccinale.

Nous nous opposions à une gestion politique des événements que nous estimions injuste, liberticide, criminelle, perverse, diabolique, etc. : chacun choisira le qualificatif qui a sa préférence. Certains d’entre nous voulurent très vite que l’on fût capable de « passer à autre chose ». D’autres ou les mêmes insistaient pour que nous fussions positifs. Être « pour » et non être « contre ». Mais si nous savions contre quoi nous résistions, qui était une chose bien concrète, qui allait jusqu’à imprimer sa marque malfaisante, et lourdement parfois, jusque dans les corps, ce désir de « pour », de positivité est demeuré vague, est demeuré à l’état d’idées, de vague idée d’un autre monde. Pour paraphraser Mallarmé qui écrivait : « Ce n’est point avec des idées que l’on fait des vers… C’est avec des mots. », je dirai qu’on ne construit pas un autre monde avec des idées mais avec des actes.

Avons-nous vraiment rêvé d’un autre monde ? Je pense, pour me contredire (j’aime ça !), que nous n’avons pas fait que le rêver. Nous avons créé un moment de fraternité et ce n’est pas rien, si j’en crois Aldous Empiricus – et je veux le croire – qui écrit dans sa recension du livre de Régis Debray Le Moment fraternité 1: « La célèbre déclaration de fraternité moderne est devenue une abstraction, toujours attirante, certes, mais sans élan de cœur. (…) Pour preuve, rappelons le cumul des « ismes » qui dominent la société actuelle : l’individualisme, l’affairisme et le narcissisme, le libéralisme, le capitalisme. Nous sommes si loin de la fraternité que les liens purement virtuels font figure de nécessité confortable. Monde aseptisé et indifférent, conformiste et paniqué. Ainsi, le sens fraternel de l’humain s’évapore lentement jusqu’à devenir superflu. (…) La fraternité ouvre une place au milieu du néant de la subjectivité, car elle fait partie de ce legs ancestral : l’inconscient collectif de la lutte pour quelque chose de plus que soi-même. » Et citons directement Régis Debray : « Abstraction défraîchie, quoique plus jeune que Liberté et Égalité, la Fraternité se voit plus sur les frontons que sur les visages. Par chance il lui reste une histoire et une géographie. celle des micro-sociétés qui en ont fait leur vie quotidienne, parfois leur raison d’être. Observer leur fonctionnement aide à en faire non plus un devoir, mais un travail, avec son mode d’emploi. D’où il ressort que cette vertu difficile et ambiguë; loin d’avoir son avenir derrière elle, pourrait bien devenir un moteur de modernité. Voire, car elle n’est pas tendre, un tigre dans le moteur. »

Nous avons su créer, je le pense, une sorte de micro-société, certes intermittente, les vendredis soirs et qui parfois se perpétuait les samedis matins dans les rues de Saint-Germain-en-Laye et devant son illustre château. Une micro-société phénix, égalitaire et libre, sans hiérarchie, sans chef, sans autorité qui cherchât à la dominer, où chacun venait comme il était. Une belle utopie ou du moins une bouée de sauvetage pour beaucoup et pour moi le premier.

Les mots sont des actes. L’Écho des Boucles veut pérenniser ce moment de fraternité. Pour lui donner encore plus de sens, pour le réactiver quand l’Apéro est déserté. Nous voulons rester fidèle à ce qui nous a réunis à partir d’août 2021. Nous cherchons à donner un contour moins flou à « ce quelque chose de plus que soi-même » qui nous a réunis. Témoigner et faire témoigner sur notre époque nous aidera peut-être à y voir plus clair. Ce qui n’empêche pas d’aller fouiller un peu dans les événements pour essayer d’en percer le mystère des origines. Mystère qui n’est que mystère pour celui qui ne cherche pas à en comprendre les causes. Nous ne voulons nous soumettre à aucun dogme. Je prône l’égalité qui est, à mon sens, la seule source à laquelle peuvent s’abreuver la liberté et la fraternité. Sans ce postulat d’égalité, les vendredis soirs auraient été impossibles. Nous étions tous aussi démunis face à la folie covidiste, tous boucs-émissaires, victimes expiatoires. Ne l’oublions pas !


1 Source : https://shs.cairn.info/revue-humanisme-2009-3-page-94?lang=fr

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