Valence, réquisitoire pour un massacre 2: Seul le Peuple sauve le Peuple

Deuxième volet de notre dossier. Par inconscience ou duplicité, les autorités font tout pour qu’une catastrophe naturelle impacte au maximum une population sinistrée, jusqu’à entraver, voire interdire les secours. Le chaos, la mort, la précarité et la pauvreté deviennent alors des méthodes de coercition des masses. La récente tragédie de Valence en est un cas d’école, un laboratoire d’ingénierie sociale à l’échelle d’une région d’un pays d’Europe. Voici une nouvelle bataille de la guerre contre les peuples, déjà expérimentée en plusieurs points du globe.

2 Corruption des pouvoirs

Dans le premier volet de ce dossier nous avions vu la corruption écologiste préparer ce massacre puis l’accompagner dans le feu de l’action. Voyons désormais d’autres corruptions renforcer la tragédie : celle des pouvoirs publics, tant au niveau du gouvernement qu’au niveau de l’administration locale. Également, corruption des ONG mais aussi corruption d’une partie du corps social.

Corruption gouvernementale

Le 2 novembre 2024, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez déclare : « Nous sommes en contact avec la Commission européenne et nous avons entamé les procédures pour demander l’aide du Fonds de solidarité européen et l’utilisation d’autres ressources communautaires de l’UE ». Mais l’Espagne n’activera le mécanisme de protection civile de l’UE que le 12 novembre 2024. Voilà pourquoi, dès le 3 novembre, le parti Vox intente une action en justice contre le gouvernement pour ne pas avoir recouru à des mesures d’urgence et reproche entre autres à P. Sanchez de n’avoir pas réuni le conseil des ministres pour valider l’usage du fonds de 1,141 milliard d’euros destiné aux catastrophes naturelles. Le gouvernement n’a approuvé les aides directes et les subventions que le 5 novembre, soit près d’une semaine après la tragédie. Le 25 novembre, on apprend que le gouvernement a utilisé ce fonds pour subventionner les partis politiques à hauteur de 92 millions. Ce qui n’empêche pas María Jesús Montero, vice-présidente du gouvernement espagnol, de déclarer le 2 décembre lors d’une réunion de sécurité : « il n’y a pas d’argent pour les Valenciens ». Près de quatre semaines après le désastre, les habitants de Paiporta, banlieue de Valence, manifestent en silence : toujours aucune aide reçue.

Après le désastre, la méfiance grandit : trois Espagnols sur quatre ne se sentent pas protégés par le gouvernement. D’autant que le gouvernement espagnol s’est toujours montré très réactif pour porter secours à des pays étrangers, par exemple dernièrement en Syrie (2022) ou au Salvador (2024).

Les Forces et Corps de Sécurité de l’État entravés par leur propre hiérarchie

Commençons par cette anecdote où des pompiers français débarquent à Valence sur des lieux du sinistre et découvrent qu’ils sont les premiers arrivés sur zone quatre jours après le pic des destructions, que les autorités espagnoles n’ont pas envoyé un seul de leurs confrères. Une unité de pompiers de Bilbao a été interdite d’intervention à trois reprises malgré leurs demandes insistantes, soulignant qu’ils avaient tout le matériel nécessaire pour aider la population.

Le 1er novembre, il est annoncé que la police agira dans un périmètre hors de sa juridiction à Valence mais uniquement pour empêcher les pillages. De nombreux agents de police proposent leur collaboration pour les sauvetages et cela leur est interdit.

Le 2 novembre, des membres de la Guardia Civil dénoncent qu’ils ne sont pas autorisés à intervenir en tant que volontaires à Valence. Nous rappelons que le 30 mars 2018, l’Assemblée plénière militaire du Tribunal Suprême a rendu un arrêt établissant que « dans un système démocratique, les militaires et les membres de la Guardia Civil ne sont pas exonérés de leur responsabilité en raison de leur obéissance ».

Le même jour, la police et des membres de la Guardia Civil dénoncent devant le tribunal leurs supérieurs qui ne les autorisent pas à porter secours à Valence.

Le 3 novembre, des militaires déployés dans la ville témoignent qu’ils ne faisaient rien depuis 4 heures, qu’ils étaient envoyés dans des secteurs où il n’y avait pas sauvetage à faire et non dans d’autres lieux où ils savaient qu’une aide était nécessaire.

« Le gouvernement a empêché l’armée de mener à bien sa mission dans la Communauté valencienne » affirme le 4 novembre le lieutenant général à la retraite Pedro Pitarch, ancien chef de l’Eurocorps et directeur général de la politique de défense, accusant également l’exécutif de « ne pas respecter » la loi sur la défense nationale. Le 17 novembre, le Premier ministre interdit une nouvelle fois à 3 000 militaires qualifiés de se joindre à l’entraide des citoyens dans la région de Valence, alors que six communes sur dix demeurent sans électricité et sans eau.

Des volontaires civils entravés par les autorités

Le 1er, la Generalitat de Valence prend un arrêté qui restreint la mobilité sur les principales routes d’accès aux zones dévastées. Pendant ce temps, des milliers de personnes arrivent de tout Valence et d’autres régions d’Espagne, à la Cité des Arts et des Sciences, pour se porter volontaires. 19 groupes se coordonnent sur Telegram pour le nettoyage de différents districts de Valence. Le ministre de l’Intérieur Fernando Grande Marlaska et le président de la généralité Carlos Mazón demandent que les volontaires se retirent et retournent chez eux. Le soir-même, la police tabasse des volontaires qui aidaient.

Le 2, la police empêche les bénévoles, simples particuliers ou entreprises qui proposent gratuitement leurs moyens (excavatrices), de rentrer dans le périmètre ravagé. Un camionneur valencien raconte comment un policier local a pointé une arme sur lui.

Le 4, alors que des cadavres continuent à pourrir dans les rues, les autorités locales, les maires et conseils municipaux refusent l’aide des bénévoles (nourriture, vêtements et matériels) affirmant qu’ils n’ont besoin de rien et les envoient parfois décharger leur cargaison dans des hangars n’appartenant pas au service public sur lesquels plane un soupçon de corruption. Voici le cas de 2000 hamburgers à jeter, car non répartis à temps du fait de ces blocages.

On voit la Garde Civile arrêter un camion chargé d’un stock d’aide qui se dirige de Séville vers Valence pour surpoids de cargaison. Elle menace le conducteur d’une amende de 10 000 € s’il ne se déleste pas d’une partie du chargement, afin que le camion ait son poids autorisé.

Certains services d’ordures ménagères détruisent systématiquement les vêtements collectés dans les incinérateurs. Le maire d’Alfafar a été dénoncé pour délit de ravage. Jeter des vêtements propres, voire neufs, est un crime. »

Par petites annonces, des ressortissants français frontaliers sont recrutés pour venir en aide dans les localités sinistrées à 12 € l’heure alors que de nombreux bénévoles espagnols proposent de faire le même travail gratuitement. Qui est le donneur d’ordre ? L’administration espagnole ? Mystère.

Corruption des ONG

L’association des droits de l’Homme Liberum témoigne de la confiscation du matériel et des stocks de dons, sa réquisition et sa redirection vers des ONG proches du pouvoir. La Croix Rouge détourne les dons faits en faveur des victimes de la catastrophe au profit des immigrés.

Le 4 novembre, on note que malgré tous les dons massifs reçus des autorités et du public depuis des années, de grosses organisations comme la Croix Rouge et Caritas refusent de fournir une quelconque aide sur le terrain et sollicitent des dons en argent à leur profit plus que des dons matériels et de l’aide bénévole. On observe que malgré la rivalité qui existe entre ces deux associations, elles tiennent un discours commun dans ce désastre. De ce fait, l’Espagne a commencé à douter des ONG et une partie du public s’en détourne : « Maintenant, les gens s’organisent d’une manière différente. » « Les villes qui ont été sauvées l’ont été grâce à l’arrivée des machines agricoles privées. L’aide est essentiellement privée et non gouvernementale (…) Les bonnes gens aident par compassion « 

Corruption du corps social

Ces situations extraordinaires montrent toujours le meilleur et le pire des hommes. On voit ainsi de nombreux secouristes improvisés se dépenser sans compter pour aider les blessés, les personnes immobilisées, notamment les seniors bloqués dans les étages. Des actes de bravoure et de dévouement d’anonymes envers d’autres anonymes jusqu’à épuisement. Tout un peuple au travail, dans des conditions difficiles vu l’effort à fournir mais aussi la précarité du ravitaillement. Non seulement la population locale, mais aussi d’autres bénévoles venus de leur propre chef d’autres régions d’Espagne, bravant la fatigue et les autorités, dont l’inaction criminelle fait de ces initiatives personnelles un véritable défi humain. Un travail de fourmi. Entre les carcasses des voitures qu’il faut entasser ou dégager et dans la boue des rues bataillée à la pelle et au large balai, un slogan fleurit : Solo el pueblo salva al pueblo – Seul le peuple sauve le peuple. Il est inspiré d’une lettre du poète Antonio Machado écrite en 1937 lors de la guerre d’Espagne, lors de la défense de Madrid. Éternelle désillusion des masses face à leur oligarchie.

Les commerçants chinois envoient 100 camionnettes contenant toutes sortes de matériaux dans les villes touchées. La communauté sikh de Valence nettoie les rues et met gratuitement à disposition un stock de nourriture dans une épicerie. Par contre de nombreux témoignages montrent du doigt la minorité maghrébine et notamment marocaine dont des membres s’illustrent majoritairement dans les affaires de pillage et de squat d’appartements. Le journal de la presse officielle ABC le rapporte : « Les rumeurs se confirment : la plupart des pilleurs lors des inondations de Valence sont des Marocains, des criminels « professionnels ». D’autres sources indiquent : « La Garde civile arrête 10 pillards en 24 heures et la police militaire en arrête 32. Tous marocains. » ; « La majorité des personnes arrêtées pour pillage dans les zones touchées de Valence sont d’origine maghrébine et ont un casier judiciaire. Les gens ne veulent pas quitter leur domicile de peur des pillages. » ; « Les habitants de Paiporta organisent des patrouilles pour se défendre contre les vols commis par des groupes armés nord-africains. » ; « Les arabes occupent les maisons et génèrent une insécurité absolue parmi les habitants d’Alfafar, Valence : « Il y avait un arabe qui voulait entrer dans notre maison (…) nous sommes absolument abandonnés » ». La police prend même le parti des squatteurs : « La Police arrête une femme qui avait récupéré sa maison squattée par des immigrés :  » Ils [la Garde Civile] ont frappé à la porte, nous ont frappés, nous ont arrêtés et ont remis les squatteurs à l’intérieur.  » »

Ce particularisme criminel donc est d’autant plus mal perçu par la population que le gouvernement a débloqué près d’un million d’euros en « contrats d’urgence » pour la prestation de services liés à l’hébergement, à l’entretien et à la sécurité de plus de 1 000 immigrants le jour même où la Communauté valencienne a été ravagée. En ce qui concerne l’aide aux territoires dévastés, le gouvernement de Pedro Sánchez n’a approuvé les aides directes et les subventions que le 5 novembre, soit près d’une semaine après la tragédie.

(À suivre)

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