Une question de définition
Entendons-nous, l’autorité, comme l’a exposé Hannah Arendt, ne se confond pas avec le pouvoir, encore moins avec la coercition et a fortiori la violence, qui sont les seules armes dont disposent ces soi-disant chantres de l’autorité, les Macron, Ciotti, Bardella, Retailleau et consorts !
Notion d’origine romaine, l’auctoritas était l’apanage du Sénat, qui n’avait pas de pouvoir décisionnaire ni de pouvoir exécutif. Distincte de la potestas (le pouvoir), elle désignait une puissance d’ordre symbolique, puisant sa légitimité dans le passé fondateur de la République (Res publica, la chose commune), une gardienne du legs commun en quelque sorte.
Dans son acception moderne, l’autorité fait appel à l’exemplarité et à la confiance pour justifier de l’obéissance qu’elle appelle, mais aussi à des normes morales et des valeurs partagées (ce pourrait être « liberté, égalité, fraternité » en ce qui nous concerne). Or, n’est-ce pas là tout ce qui manque aujourd’hui à nos soi-disant « autorités », ministres, parlementaires, institutions ou experts ?
Car il ne reste en définitive rien de cette autorité que les pouvoirs invoquent, tel un fétiche, au gré de leurs vils calculs politiciens. Et son « retour » convoqué n’est qu’une tromperie supplémentaire.
Où l’on attend que l’autorité élève…
Quelle légitimité accorder en effet à un gouvernement, une assemblée ou un Conseil constitutionnel, peuplés de traîtres et de corrompus soumis à des intérêts particuliers ? Toutes ces « institutions » n’hésitent pas à manipuler et à tordre les règles communes à rebours de toute morale, à infantiliser là où l’on attend que l’autorité élève. La période du Covid nous l’a démontré à l’envi et chaque jour ou presque nous le confirme.
De même, peut-on vraiment s’en remettre à la Haute autorité de santé (sic), à l’Autorité des marchés financiers pour discipliner le capitalisme boursier, à l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique), à l’autorité de la chose jugée ? En résumé, la crise de confiance dont se plaint tout ce petit monde n’est que la résultante de sa propre perte d’autorité, qui confine à la ruine morale.
Dans le même temps, l’autorité parentale est remise en cause comme on l’a vu à propos de la vaccination ou de l’éducation en famille. Elle est sciemment attaquée par ceux qui devraient en être les garants, laissant ce rôle à des collectifs de citoyens courageux, comme Les Mamans Louves ou SOS Education.
Il n’y a là rien d’illogique. En tant qu’autorité, celle des parents peut « incarner un contre-pouvoir d’ordre symbolique » pour reprendre une expression d’Ariane Bilheran ; et in fine, comme en contrepoint, un véritable retour de l’autorité, porté et imposé par les citoyens eux-mêmes !