BRICS et Occident : les deux mâchoires d’une même gueule ?

L’oligarchie occidentale déploie des discours et des actes qui attestent ouvertement de ses noirs desseins envers ses propres populations. On pourrait espérer que les BRICS seraient le contrepoids de l’Occident, le cavalier blanc luttant contre la mise au pas, voire la disparition des peuples. Qu'en est-il effectivement ?

Pourquoi les BRICS ?

Nos sociétés complexes nécessitent de plus en plus d’argent pour assurer leur existence. Cet argent provient des impôts que nous tous payons mais que les classes favorisées et les entreprises ne veulent plus payer. Bien que la valeur ajoutée croissante de leurs produits dégage toujours plus de richesse, elles ne veulent pas la partager ; c’est ce que Christopher Lash a nommé La révolte des élites[i]. De plus, au rythme actuel de l’exploitation minière, les projections des géologues montrent que les réserves de la plupart des métaux et hydrocarbures s’épuiseront dès la fin de ce siècle. Mais si vous appartenez à l’élite mondiale, vous pouvez souhaiter jouir le plus longtemps de ces ressources en faisant en sorte que le reste de l’humanité en bénéficie le moins possible.
Dans ce but, depuis quelques décennies mais surtout ces dernières années, l’oligarchie occidentale menée par le pouvoir anglo-saxon déploie des discours et des actes qui attestent ouvertement de ses noirs desseins : un assujettissement totalitaire des populations, voire leur destruction programmée.
De ce contexte, on pourrait espérer que les BRICS seraient le contrepoids de l’Occident, le cavalier blanc luttant contre une telle folie, notre sauveur. La dernière réunion des BRICS se termina le 24 août 2023 à Johannesburg. À nos yeux, la déclaration finale de ce sommet [ii] nuance cet espoir. Cette brève étude se limitera à un parallèle entre ce document et la vulgate mondialiste du camp occidental.

Les BRICS sont un groupe géopolitique regroupant dix pays du « Sud global », notamment des grands émergents (Brésil, Chine, Inde), des puissances régionales (Afrique du Sud, Égypte, Iran, Russie), des pétromonarchies (Arabie saoudite, Émirats arabes unis) ou des pays précaires à forte croissance économique (Éthiopie). Le but de cette union informelle est d’affirmer la place majeure de ces pays sur la scène internationale, de mettre en scène leur poids économique et politique et de coordonner leur développement afin de se préserver de l’impérialisme occidental pour ne pas dire étasunien. Les cinq pays des BRICS, puis les neuf pays des BRICS+ représentent en 2024 près de la moitié de la population mondiale et 27 % du produit intérieur brut mondial en valeur nominale.

1 À quoi rêve l’oligarchie ?

Après la chute de l’Empire soviétique, l’oligarchie de l’unique superpuissance restante et de ses satellites consolida sa domination mondiale sur des organisations internationales comme l’ONU, le G20 et le Forum Economique Mondial entre autres. Depuis ce temps, celles-ci suivent son programme de destruction des peuples sous couvert d’une bienveillance universelle. C’est dans ce cadre que, en septembre 2015, 191 membres des Nations unies ont adopté le Programme de développement durable à l’horizon 2030, appelé Agenda 2030. Ce programme contient 17 objectifs de développement durable portant notamment sur la croissance économique, l’égalité entre les sexes, la consommation de productions durables, la réduction des inégalités, etc. Une lecture rapide de cette liste nous montre des intentions tout à fait louables, favorable à l’Humanité, à son développement harmonieux et fraternel [iii].

Poursuivant les mêmes buts, le 13 juin 2019, le secrétaire général de Nations unies Antonio Guterres et le fondateur du Forum économique Mondial (WEF) de Davos, Klaus Schwab ont signé un accord de partenariat stratégique afin d’accélérer cet Agenda 2030 de l’ONU. En fait, dans leur ouvrage qui a fait date : Covid-19 : la Grande réinitialisation, 2020 Forum Économique Mondial, Messieurs Schwab et Malleret ont retranscrit en termes plus vigoureux ces objectifs premiers, dévoilant avec une franchise un peu brutale, non dénuée d’une certaine candeur, les intentions véritables de cette gigantesque machinerie. On voit décrits les moyens mis en œuvre de cette gouvernance mondiale, forgée pour asservir les peuples : Elle englobe l’ensemble des institutions, politiques, normes, procédures et initiatives par lesquelles les États tentent d’apporter plus de prévisibilité et de stabilité à leurs réponses aux défis transnationaux. (…) L’ONU affirme qu’« une gouvernance mondiale efficace ne peut être réalisée qu’avec une coopération internationale efficace. »[iv]. Dernièrement, l’expression « gouvernance mondiale » étant un peu chahutée, dans son dernier rapport de 2024, le WEF la rebaptise pudiquement « Cross-border coordination / Coordination transfrontalière) [v]

Pour asservir les peuples, cette gouvernance mondiale possède une boîte à outils très élaborée :

– Un système de monnaie numérique mondial unique qui supprimerait toute confidentialité dans les échanges, ce qui permettrait par exemple au pouvoir central d’interdire un achat en cours[vi].

– Un système de crédit social mondial à la chinoise, contrôle totalitaire de votre vie dans les moindres détails[vii].

– Une économie de partage : Tous les biens sont loués ou partagés, vous ne posséderez rien[viii]. Traduisons par asservissement au moyen de la pauvreté.

– Changement climatique : utiliser l’environnementalisme comme excuse à la coercition des individus (villes 15 minutes, destruction de l’agriculture…)[ix]

– Un système de santé mondial : ces dernières années nous avons atteint le comble de l’indicible, le carnage de masse intentionnel du Covid avec ses protocoles médicaux et ses vaccins destructeurs de vies, à brève échéance comme à long terme. Bien sûr, dans la geste schwabienne, le COVID est perçu comme une opportunité [x].

Il semble que l’on retrouve certains de ces éléments dans « le camp d’en face », les BRICS.

2 Les BRICS : des indices d’une fausse opposition ?

La Déclaration clôturant le XVe Sommet des BRICS à Johannesburg, émise le 23 août 2023, met en lumière au moins deux points de convergence significatifs avec la vulgate mondialiste : la gouvernance mondiale et le changement climatique. La connaissance du dessous des cartes (la mainmise des Etats-Unis et leurs donneurs d’ordre sur des organisations internationales comme l’ONU, le G20 et le Forum Economique Mondial entre autres) nous offre une lecture divergente de ce texte de diplomates supposé offrir une alternative face au camp occidental. Et cela malgré les formulations apparemment neutres et ternes de ces déclarations.

2.1 Gouvernance mondiale

Ainsi, les BRICS s’affilient à ces organismes avec complaisance, ce qui renforce la gouvernance mondiale sous contrôle américain. Et les énoncés généreux des domaines abordés (coopération internationale, gestion des risques mondiaux, résolution de problèmes transnationaux) n’occultent pas la sujétion d’homme-liges à l’ordre US, ou plus précisément au système oligarchique qui tire les ficelles.

Ainsi, de 2023 à 2025, le G20 sera sous la présidence de membres des BRICS. Il s’agit d’amplifier et d’intégrer la voix du Sud dans l’agenda du G20 en bonne collaboration : « Nous notons que l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud, qui présideront le G20 de 2023 à 2025, ont la possibilité de créer une dynamique de changement durable ; nous avons exprimé notre soutien à la continuité et à la collaboration dans le cadre de leurs présidences du G20 et nous leur souhaitons beaucoup de succès dans leurs efforts. Par conséquent, nous nous engageons à adopter une approche équilibrée en continuant d’amplifier et d’intégrer la voix du Sud dans l’agenda du G20 sous la présidence indienne en 2023 et sous les présidences brésilienne et sud-africaine en 2024 et 2025. » (§30, page 10). L’« approche équilibrée » est-elle une simple nuance diplomatique, ou les BRICS se réservent-ils ainsi une possibilité de divergence ? Voyons la suite.

Les BRICS sont totalement immergés dans le programme 2030 de l’ONU et s’en réclament : Nous réaffirmons l’appel à la mise en œuvre du Programme 2030 pour le développement durable dans ses trois dimensions : économique, sociale et environnementale, de manière équilibrée et intégrée, en mobilisant les moyens nécessaires à la mise en œuvre du Programme 2030. Il s’agit de renouveler l’engagement international en faveur de la mise en œuvre de l’Agenda 2030. (§52, Page 16). Toujours le subtil vocabulaire diplomate, ambigu puisqu’on y parle à la fois d’équilibre et d’intégration, que l’on pourrait traduire par désaccord possible avec l’Occident et soumission à son discours.

2.2 Changement climatique

L’adhésion des BRICS à la vulgate du changement climatique est proclamée avec force.

« Nous soulignons à nouveau qu’il importe de mettre en œuvre la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et son accord de Paris (…). Nous convenons qu’il est nécessaire de défendre, de promouvoir et de renforcer la réponse multilatérale au changement climatique et de travailler ensemble pour que la 28ème Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC COP28) soit couronnée de succès. » (§56, page 17)

« Nous convenons de relever les défis posés par le changement climatique tout en assurant une transition juste, abordable et durable vers une économie à faibles émissions en général et à faibles émissions de carbone en particulier, conformément aux principes de la CBDR-RC, à la lumière des différentes situations nationales. » (§57 page 18)

« Nous exprimons notre ferme détermination à contribuer à la réussite de la COP28 à Dubaï, à la fin de cette année, en mettant l’accent sur la mise en œuvre et la coopération. En tant que principal mécanisme d’évaluation des progrès collectifs vers la réalisation de l’objet de l’Accord de Paris et de ses objectifs à long terme et de promotion de l’action climatique sur tous les aspects de l’Accord de Paris dans le cadre de la CCNUCC, le bilan mondial doit être efficace et identifier les lacunes dans la mise en œuvre de la réponse mondiale au changement climatique, tout en jetant prospectivement les bases d’une ambition accrue de la part de tous, en particulier des pays développés… » (§59 page 18).

Faute de place, le format de cet article ne permet pas de démonter immédiatement pourquoi l’idéologie du réchauffement climatique est un catastrophisme faussaire. Nous nous limitons ici à affirmer qu’elle est un puissant marqueur de conformité à la gouvernance oligarchique que nous dénonçons. Cependant, prenons date ; dans des articles ultérieurs, nous détaillerons ces concepts que nous manions et combattons.

Les BRICS nous apparaissent de plus en plus occidentalo-compatibles. Où se placent-ils réellement sur l’échiquier mondial ?

3 Les BRICS : à la fois alignés et non alignés ?

En reprenant uniquement la déclaration commune du XVème sommet des BRICS de 2023, on voit que, sur deux dossiers au moins, la gouvernance mondiale et le changement climatique (levier idéologique de cette même gouvernance), la convergence de vues des BRICS et de l’Occident collectif démontrerait a minima leur ralliement à la ploutocratie mondialiste que nous dénonçons.

Dans certains domaines, ils l’ont même précédé. Par exemple le crédit social dont la Chine a été et reste le précurseur le plus extrémiste au monde est un modèle envié de nos dirigeants[xi]. Et désormais la reconnaissance faciale est l’un des moyens de paiement utilisé pour accéder au métro de Moscoui.

Les conflits en cours (Ukraine) et peut-être futurs (Taiwan ?) creuseront-ils un fossé assez large pour dégrader ou rompre de telles relations délétères ? Rien n’est moins sûr, comme nous le démontre, en pleine guerre d’Ukraine, malgré l’embargo décrété contre les exportations russes, la réalité du commerce de matières premières stratégiques de la Russie vers les pays de l’OTAN : pétrole via des intermédiaires (Inde, Turquie) et directement : uranium, titane, aluminium, nickel, azote, potasse, viande de porc…[xii]

Dans la déclaration de Johannesburg, nous noterons tout de même quelques éléments divergents.

« Nous reconnaissons le rôle des combustibles fossiles dans la sécurité énergétique et la transition énergétique. » (§70 page 21) S’agit-il d’une transition qui dans les faits s’éternisera et donc n’est qu’une adhésion de façade, ou est-elle sincère et suiviste ?

Par contre, la promotion de la médecine traditionnelle semble être une opposition plus directe à Big Pharma. En tenant compte des législations nationales et des priorités des pays des BRICS, nous nous engageons à poursuivre la coopération dans le domaine de la médecine traditionnelle, conformément aux réunions précédentes des ministres de la santé des BRICS et à leurs résultats, ainsi qu’au forum de haut niveau des BRICS sur la médecine traditionnelle. (§66 page 20)

Politique covidienne : dans ce qui historiquement nous apparaît désormais comme une expérience démocidaire au niveau mondial des grands laboratoires pharmaceutiques occidentaux, on se souviendra qu’une partie du Tiers-Monde et notamment de l’Afrique s’est opposé frontalement à de telles exactions en utilisant de vieux médicaments antipaludéens, peu chers, qui se révélèrent très efficaces contre le COVID. Ils évitèrent la surmortalité provoquée par des protocoles inadéquats et les effets secondaires des vaccins que nous avons expérimentés. Certains dirigeants auraient même payé de leur vie une telle audace, John Magufuli (Tanzanie), Pierre Nkurunziza (Burundi) et Jovenel Moïse (Haïti). Tout ne serait donc pas perdu ? En fait, quelles leçons tirer de tant de paradoxes, voire de contradictions ?

Alors, BRICS, collabos ou résistants ?

Même si aujourd’hui une telle volonté d’opposition, unanime, existerait au sein des BRICS, on peut douter qu’ils aient la puissance suffisante pour s’opposer au bloc de l’Ouest. Et celui-ci n’est pas encore assez affaibli pour que toute insoumission à ses diktats soit sans risques.

En 2024, nous voyons les BRICS adhérer à une partie du corpus fondamental de l’Agenda 2030. Sur d’autres sujets, ils paraissent plus réticents. Façade trompeuse ? Une attitude prudente nous conseillerait de ne pas mettre trop d’espoirs dans une vision des BRICS sauveurs de l’Humanité. Ils ont déjà tant à faire pour sauver leurs propres peuples ! Au lieu de tergiverser sans fin entre ces deux hypothèses, les concevoir en opposants enrayant la marche du Nouvel Ordre Mondial ou opposition contrôlée, je propose plus humblement d’appliquer la grille de lecture de l’allié objectif : comptablement, leur choix, leurs actions à venir favoriseront quel camp ? Attention, le concept de l’allié objectif va très loin : même mon pire ennemi devient mon allié objectif si ses erreurs me favorisent. Un attentisme vigilant semble donc la moins mauvaise solution.

Enfin tant de choses peuvent évoluer du discours aux actes, puis dans le temps, au fil de la marche du monde. Aujourd’hui, nous n’avons pas la visibilité nécessaire pour trancher sur ce point, seulement quelques signaux d’alerte suffisamment forts nous laissent sceptiques. Sans illusions, nous en concluons que notre survie de citoyens libres ne dépend que de nous-mêmes et non pas d’un hypothétique sauveur tombé des nuées.


Notes :

[i] La Révolte des élites et la trahison de la démocratie (titre original : The Revolt of the Elites and the Betrayal of Democracy) est un essai de Christopher Lasch, écrit juste avant sa mort et publié de façon posthume en 1995 (1996 pour l’édition française, Flammarion).

[ii] XV BRICS Summit – Johannesburg II Declaration – BRICS and Africa: Partnership for Mutually Accelerated Growth, Sustainable Development and Inclusive Multilateralism – Sandton, Gauteng, South Africa – Wednesday 23 August 2023

[iii] En français https://www.agenda-2030.fr/17-objectifs-de-developpement-durable/

[iv] Covid : la Grande réinitialisation ; Klaus Schwab et Thierry Malleret, 2020 Forum Économique Mondial, Genève, page 94 /  Nations unies, Département des affaires économiques et sociales (DAES), Comité des politiques de développement, « Global governance and global rules for development in the post-2015 era », Note d’orientation, 2014, https://www.un.org/en/development/desa/policy/cdp/cdp_publications/2014, page 8.

[v] Global Risks Report 2024, World Economic Forum, Genève, 2024 p90

[vi] https://www.weforum.org/communities/digital-currency-governance-consortium/

[vii] https://medium.com/@daniel_israel/a-summary-why-are-the-world-economic-forum-wef-rockefeller-foundation-so-intent-on-f646c3a278aa

[viii]  https://www.youtube.com/watch?v=cOWFSwyF_2A

[ix] Covid : la Grande réinitialisation, op.cit, 1.5. Réinitialisation environnementale p 109

[x] Covid : la Grande réinitialisation, op.cit, 1.2. Réinitialisation économique / 1.2.1. L’économie de la COVID-19 page 32

[xi] https://www.senat.fr/compte-rendu-commissions/20210208/pro_2021_02_11.html

[xii] https://disclose.ngo/fr/article/ukraine-airbus-et-safran-participent-indirectement-a-leffort-de-guerre-russe

https://www.bfmtv.com/economie/international/guerre-en-ukraine-malgre-les-sanctions-que-vend-encore-la-russie-et-a-quels-pays_AV-202305220726.html

https://m2050.media/fr/face-pay-dans-le-metro-russe-atteinte-a-la-vie-privee-ou-reelle-prouesse/

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