Ynsect, de la mite à la réalité

La start-up française de fabrication de poudre d’insecte destinée à l’alimentation, Ynsect, a récemment été placée en redressement judiciaire. Cette situation est le signe des difficultés que rencontre cette filière mais gardons-nous de crier victoire trop vite, car la commission européenne (une secte aux dires de certains…) se mêle de plus en plus de l’affaire.

Un délicieux goût de crevette…

En avril 2023, le magazine Courrier international publiait une infographie en pleine page pour le moins sidérante sur la consommation d’insectes. Son titre : « un délicieux goût de crevette » (sic). Sept bestioles étaient représentées et caractérisées par leurs propriétés gustatives, tels les meilleurs crus. Le criquet migrateur (locusta migratoria) associait ainsi à la fameuse crevette, « un arôme intense de céréales, bois, noix ». La complexité gustative du ver de farine (« saveur de fruit, feuille, café, haricot, noisette grillée, amande ») ne laissait pas d’étonner ! Mais, comme l’amateur peut préférer le bordeaux au bourgogne, pourquoi ne pas opter pour les termites, bien charpentés et complexes, grâce à leur « arôme prononcé de noisette et de bouillon, avec des notes de céréales, bois et sauce soja ». J’en arrête là avec ce foutage de gueule !

Il y a le bon élevage et le mauvais élevage

Cette mise en bouche, si j’ose dire, était suivie des arguments habituels « s’appuyant sur des publications scientifiques » en faveur de l’entomophagie. A commencer par la richesse des apports en protéines, en fibres et en lipides, bien supérieurs « à ceux d’animaux d’élevage habituellement consommés ». Pour nous amener petit à petit à y succomber, il était indiqué que, « déjà consommés dans nombre de pays, entiers, en poudre (NdR : comme le lait…), crus ou cuits (NdR : comme les jambons…), les insectes commencent à se faire une place en Europe ». Et, bla-bla-bla, même certains grands chefs, bla-bla-bla. Enfin, la massue « écologique » qui planait là s’abattait sous la forme du prêchi-prêcha bien connu : « au-delà des considérations nutritives et gustatives, consommer des insectes plutôt que de la viande d’élevage permettrait de réduire notre empreinte carbone, la quantité d’eau que l’on consacre à l’élevage de ces gros animaux et les surfaces terrestres qui leur sont allouées ». Amen.

Yn-sect we trust

L’aventure de la start-up Ynsect a débuté en 2011. Elle passe alors pour une entreprise des plus prometteuses, vantée par les médias, et attire les capitaux à foison : 425 millions de dollars de financement dès 2020 et plus de 600 aujourd’hui ! Parmi les investisseurs dans la pépite tricolore, on trouve des collectivités, des banques et des fonds institutionnels, etc., parmi lesquels Astanor, BPI France, Upfront, le Crédit agricole, mais aussi la FootPrint Coalition. Celle-ci est dirigée par Robert Downey Jr, acteur-producteur américain écolo-mégalo, promoteur du technologisme vert (« entre la robotique et les nanotechnologies, nous pouvons nettoyer significativement, si ce n’est complètement, la planète en dix ans »). Downey Jr, invité au WEF de Davos, tout comme Ynsect en 2020 ! The place to be, n’est-ce pas ?

Fleuron de l’agro-industrie tricolore, Ynsect se voit tresser des lauriers sur le site du ministère de l’agriculture (https://agriculture.gouv.fr/ynsect-la-start-qui-transforme-les-insectes-en-alimentation-animale). L’avenir on vous dit !

En 2023, Ynsect achève la construction de la plus grande ferme verticale d’élevage ou fermillière près d’Amiens. Conçue pour produire jusqu’à 200 000 tonnes par an, ladite « ferme » a tout d’une usine géante. Implantés sur un site de 45 000 m², les bâtiments métalliques ultra-modernes dominent la campagne depuis leurs 35 m de haut ! Un monstre d’acier abritant des milliers de casiers en plastique où croissent… et chient les bestioles. Écologique on vous dit…

« Les droits de l’insecte »

La « stratégie » de l’entreprise et du secteur de l’alimentation à base d’insectes a évidemment consisté en un intense lobbying avec en ligne de mire principale la Commission européenne… Cela ressort explicitement, quoiqu’en termes choisis, d’un article promotionnel reproduit sur le site d’Ynsect, dont voici un extrait :

« Bien résolue à défendre les droits de l’insecte (sic), Ynsect a contribué à créer en 2012 l’association IPIFF (International Platform of Insect of Food and Feed) en partenariat avec d’autres acteurs du secteur afin de faire entendre sa voix auprès des décideurs politiques européens. Portée par ses 76 membres, l’IPIFF promeut l’utilisation plus large des insectes comme source de protéines pour l’alimentation humaine et animale, et travaille sur une adaptation de la législation sur les ingrédients à base d’insectes. Grâce aux nombreuses actions de sensibilisation menées par l’IPIFF auprès des acteurs publics et grâce à un dialogue continu avec la Commission européenne et le Parlement européen, le débat sur la législation s’est ouvert et le secteur a réussi à faire accepter l’intégration des ingrédients à base d’insecte dans la nutrition des poissons d’élevage (2017), des porcs et volailles (2021) et des humains (progressivement depuis 2021) ».

Autre axe d’effort pour Ynsect, beaucoup moins évident celui-là, convaincre les consommateurs à travers de « nombreuses actions de sensibilisation, de la pédagogie et une stratégie de communication adaptée ». Ynsect sensibilise et communique beaucoup (et cela coûte très cher sans doute…). Et en ce qui concerne le public, Ynsect l’avoue, « les enfants sont une cible privilégiée pour aborder ces grands changements : ils ont peu ou pas d’appréhension, sont ouverts et curieux, et de plus en plus sensibilisés aux enjeux environnementaux. Nous sommes convaincus que c’est par eux que l’insecte arrivera dans nos assiettes ». Et de comparer avec les campagnes pour rendre la ceinture de sécurité obligatoire dans les années 1970.

À la Commission, le ver est dans le fruit

On l’aura deviné, « le dialogue continu avec la Commission européenne et le Parlement européen » vise à obtenir des autorisations de commercialisation pour les produits à base d’insectes. Et naturellement, cela fonctionne ! Début 2023, la Commission européenne a autorisé la mise sur le marché de poudre de grillons domestiques pouvant entrer dans la composition « des pains, des biscuits, des barres de céréales, des sauces ou encore des pâtes à pizza ». Il ne s’agissait pas du premier insecte autorisé par l’UE puisque le ver de farine ou encore le criquet migrateur en poudre, en version séchée ou congelée, l’avaient été auparavant. Et il y a quelques mois, en janvier 2025, c’était au tour de l’appétissante poudre de larves entières de Tenebrio molitor (gros ver de farine) de recevoir l’onction de Bruxelles. Mais attention, belles âmes complotistes promptes à tout dénigrer, toutes les garanties seront apportées aux consommateurs. D’abord, cette poudre devra être traitée aux UV, ce qui rassure grandement… Par ailleurs, l’évaluation scientifique menée par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) – dûment sensibilisée par les acteurs du secteur – a conclu que cette poudre pouvait être consommée sans risque. Et la Commission, toujours soucieuse de transparence comme l’on sait, a exigé la mention de l’emploi de cette poudre de larves de Tenebrio molitor sur les étiquettes des produits dans lesquels elle entrerait.

Les globalistes et leur fer de lance écolo-techno-capitaliste, l’Union européenne corrompue, croient donc à la mite. Mais en faire un business rentable et convaincre les consommateurs s’avère plus compliqué que prévu, d’où la chute d’Ynsect, qui pourrait en annoncer d’autres. De quoi en ramener certains de la mite à la réalité !

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