Petit carnet de voyage : Florence et Rome 2

Ce qui me frappe le plus à Rome c’est l’intimité, la symbiose de ses habitants avec leurs ruines. Peut-il en être autrement d’une ville antique d’un million d’habitants avec sa manie des constructions puissantes et ostentatoires ? Comme un volcan d’Histoire qui rejetterait ses pierres, continuellement, sous les pas de ses citadins.

Visages de la Vierge

De ces peintures vues en masse ces derniers jours, ressort le visage de la Vierge. Quel que soit l’époque, il est troublant par la force de sa douceur. Invariant anthropologique ou soft power d’une redoutable efficacité. Quelle que soit notre conception du personnage, gamine de 15 ans un peu dépassée par les évènements ou au contraire sûre d’elle, car prédestinée par choix personnel ou décision divine.

Renaissons !

Mon passage à la Galerie des Offices avait gentiment suivi le sens de la visite, soit l’ordre chronologique. Après le long moyen-âge florentin et ses personnages roides, hiératiques, se décoinçant à peine sur la fin ; l’explosion, l’émotion devant Le printemps de Botticelli ! Enfin ! Le bout du tunnel ! Nous raccordons à l’Antiquité heureuse ! *. Oh, ces belles femmes qui n’ont pas le besoin d’un dieu pour être belles, les déhanchés, les respirations des corps, les esprits se libèrent, s’envolent, resplendissent d’une grâce toute humaine, l’idée nouvelle d’un bonheur accessible, spontané, sans transcendance obligée…

Sans doute, ce n’est pas si simple et à partir du XXe siècle, les historiens se démarquèrent de leurs prédécesseurs en révisant la légende noire du Moyen Âge. Mais sur le plan artistique, sans renier l’originalité propre de cette période, la vision du monde de la Renaissance produisit des œuvres que l’on peut juger bien plus expressives, dynamiques, réalistes, en un mot : humanistes, ouvrant une nouvelle ère civilisationnelle pour l’Occident.
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* Bien que la fin de l’Antiquité romaine nous offre des personnages patauds, mal dégrossis qui révèlent déjà la chute civilisationnelle avant l’invasion de trop.

ROME

Pierres sur pierres, la conjugaison des temps

Ce qui me frappe le plus à Rome c’est l’intimité, la symbiose de ses habitants avec leurs ruines. Peut-il en être autrement d’une ville antique d’un million d’habitants avec sa manie des constructions puissantes et ostentatoires ? Comme un volcan d’Histoire qui rejetterait ses pierres, continuellement, sous les pas de ses citadins.

Cela commence simplement par une pierre nervurée réemployée dans le mur de la cave de l’hôtel, transformée en réfectoire pour petit dej’, bâtiment construit au XVIIIème siècle. Cela a-t-il été son unique réemploi ? Les exemples sont innombrables : les maisons de la place Navone construites sur les gradins du stade de Domitien, la maison des chevaliers de Malte sur le forum de Trajan…

La Chambre de Commerce et de l’Industrie de Rome dans le Temple d’Hadrien…

Le palais des Orsini sur le théâtre de Marcellus…

Un aqueduc dans le sous-sol d’un grand magasin…

Enfin ma préférée, celle qui résume tout, dégotée dans les faubourgs immédiats de la ville dite historique, dans un petit pâté de maison en forme de triangle, ce qui reste de la Porta Salaria construite au IIIe siècle, intégrée dans le mur d’Aurélien. C’est par cette porte qu’en 410 les troupes d’Alaric sont entrées pour mettre la ville à sac. Aujourd’hui, adossé au moignon de rempart, un fatras enchevêtré de constructions impossibles à dater pour le profane. Époque romaine ? Moyen-Âge ? Renaissance ? Plus tard ? XIXème siècle pour la boutique ? Tout est composite, rafistolé, le portail réutilise des fûts de colonnes antiques surmontées d’ornements baroques.

Certains y ont fait leur nid, des générations se sont succédées ici. Depuis quand ? Ont-ils depuis toujours parasité le rempart, soit dix-sept siècles ? Quinze siècles ? C’est à la piazza Fiume : https://maps.app.goo.gl/u6VA67xQRbSHy4DU6
Les ruines sont toujours vivantes ; elles palpitent.

Nous passons sur la terre comme l’ombre d’un nuage

Rembrandt (1606-1669) Autoportrait (vers 1665), Galerie des Offices, Florence.
Trastevere, Rome (2025)
« La vie est un frisson qui s’envole »

Vasco Rossi (1952), Sally

Fin du petit carnet de voyage

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